Il semble que sous la dynastie des Song (960-1278), la vie urbaine et son agitation aient succédé à la splendeur impériale. Ces trois siècles connaissent une croissance démographique sans précédent, en raison notamment de l'introduction d'une variété de riz étrangère en provenance du Vietnam qui permet deux récoltes annuelles. La plantation du thé à grande échelle est également une nouveauté importante. Maintenant à la portée de tous, le thé passe d'une boisson de luxe à celui d'un besoin quotidien.
Dans l'exposition, ce développement est évoqué autour d'un
pavillon où sont réunies quelques pièces exécutées en différents
matériaux : céramiques les plus simples, grès, récipients décorés de
sujet poétiques, fleurs, fruits bambous.
Le goût pour les
monographies est particulièrement vif à l'époque Song, sans doute en
raison du développement de l'urbanisme avec ses bruits, ses
encombrements, son monde nocturne, ses artifices. Certains lettrés
n'hésitent pas à se retirer dans la montagne pour mener une vie
rustique, écrivant de courts recueils sur les champignons, les agrumes,
les épices. La gastronomie est devenue une expression littéraire à part
entière.
L'ouvrage le plus complet du genre est le « Shanjia
qingong, Les vivres simples d'un montagnard » dû à Lin Hong, personnage
qui vécut au milieu du 13e siècle, et renonça à la ville pour méditer
dans la montagne. Dans son livre, il conduit le lecteur des joies du
fourneau à la vanité de toutes choses. Par le soin qu'il porte à sa
diététique, il opère une transposition de la nature jusque dans son
assiette. Lin Hong illustre bien cette éthique du lettré qui quitte le
monde et se dépouille pour atteindre l'essentiel.